ARC-EN-CIEL
Le ciel est gris.
Il pleurniche.
Ses jérémiades sont légions.
Le ciel est blafard
Il se fâche
Jour de cafard
Aujourd'hui les scorpions se lâchent
Le ciel est gris
Les cœurs sont gris
Et même souvent noirs d'orage
Le ciel est gris
Je trottine petite souris
Je souris
Mon sourire est pourtant triste
Il a envie de dégouliner lui aussi
De couler dans la goulée
De s'anéantir loin des puanteurs
Mon sourire frémit
Mon sourire gémit
Le ciel est gris
Je souris
Mon sourire hésite
Mais j'entends sur la toile du parapluie
La note tendre la note lente
Un tempo joyeux de coquelicot en hiver
Mais je vois mon chat
Impassible qui cueille l'instant
Il m'attendait avec tout son amour
Avec la justesse de sa sagesse
Il ne sourit pas certes
Mais ses yeux parlent le langage de l'âme
Le ciel est gris
Triste humaine engeance
Pétrie de haine et de suffisance
Aujourd'hui les scorpions se lâchent
Le ciel est gris
Les cœurs sont gris
Et même souvent noirs d'orage
Mais je puise
Une fois de plus
Au puits de l'Amour infini
Alors malgré le tumulte de cris et de haine
Auquel s'abandonne la multitude
Je souris
Et mon sourire
Imprime sur le ciel gris
À travers ses larmes
Les couleurs de ma lumière
Geneviève Guevara
2)
AVANT LE GRAND RÉVEIL
Neuves d'ambre
Les feuilles lues s'abandonnent
Et au vent s'enfuient
J'étais cette page perdue
Larmes éperdues
À la rambarde de mon balcon
S'emperlent sans fil
J'étais cette larme
Dans sa course folle
L'horloge s'émeut
Et s'enrhume au matin gris
Autant se grise aussi
Je suis cette heure arrêtée
Au mouchoir en papier
Froidure automnale
Dessous ta peau cristalline
S'endorment les jours
Je suis au silence
Rendue
Sous la couette
La nuit sous les paupières
Au chaud
S'alanguissent les rêves
L'éternité
Sous cloche
L'automne s'éteint de toutes ses couleurs
Avant le grand réveil
Geneviève Guevara
